
La nomination d’Amélie Oudéa-Castéra au Ministère de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques a suscité une vive polémique, déclenchée par la révélation dans la presse de la scolarisation de ses trois enfants au collège-lycée Stanislas, établissement privé du 6ème arrondissement de Paris.
👉 Des « paquets d’heures » ne seraient pas « sérieusement remplacées » dans l’enseignement public, a déclaré face aux critiques la ministre pour tenter de justifier son choix du privé, s’attirant par cette déclaration les foudres des syndicats enseignants et de la maire de Paris.
Lundi 15 janvier, les voix du Parti socialiste, de La France insoumise et du Parti communiste français se sont élevées pour réclamer la démission de la ministre, incarnant aux yeux des forces d’opposition une figure “du séparatisme scolaire” ou de la promotion des élites.
En dépit de la maladresse de ses propos, peut-être est-il un peu hâtif et abusif de conclure à l'incapacité de la ministre à assumer ses nouvelles responsabilités.
Plutôt que de lire dans le choix du secteur privé la marque d’un désaveu, voire d’un mépris envers le secteur public, peut-être ne serait-il pas inutile de chercher à comprendre les raisons susceptibles de motiver ce type de décision.
👉 Le fait que la ministre, comme de nombreux parents, ait jugé préférable de se détourner de l’Éducation Nationale pour assurer le bon déroulement de la scolarité de ses enfants témoigne bien de défaillances au sein du secteur public auxquelles il serait souhaitable, pour ne pas dire urgent, de prêter attention.
En outre, est-il bien assuré que la conception “élitiste” imputée à charge à Amélie Oudéa-Castéra entre en contradiction avec une refonte du système éducatif profitable à l’ensemble des Français ?
Que signifie l’élitisme en matière d’éducation ?
Loin de constituer une nouvelle entrave à un certain ascenseur social, que l’Éducation Nationale est déjà accusée de ne plus permettre, la réactualisation de certains principes dits élitistes pourrait au contraire apparaître comme la seule véritable garantie de l’égalité des chances.
Une déclaration polémique
Prise en flagrant délit d’élitisme, la nouvelle ministre semble déjà avoir été condamnée par l’opposition et par une partie de l’opinion.
Les faits, ou plus exactement les chiffres, démentent l’argument « des paquets d’heures non sérieusement remplacées » avancé par Amélie Oudéa-Castéra - ce que l’intéressée, manifestement disposée à accuser le trait de sa culpabilité dans l’espoir d’obtenir une rédemption, a elle-même reconnu.
👉Ces propos constitueraient « une forme de défiance et de mépris pour l’école publique, qui mérite qu’on la soutienne, non qu’on la dénigre », a affirmé Anne Hidalgo, la maire de Paris, dans une lettre adressée à la ministre.
Certes, il n’est pas besoin de revenir sur la perte de confiance dont est l’objet le système éducatif français, ainsi que sur la nécessité de réaffirmer le respect dû à l’institution et à ses membres. Or, soutenir l’école publique ne signifie pas persister dans le déni en refusant de considérer les problèmes de fond ayant conduit à la ruine de l’Institution.
La formule maladroite « des paquets d’heures non sérieusement remplacées » réfère sans doute moins à des défauts d’organisation ou de répartition qu’elle ne désigne l’incapacité de l’Éducation Nationale à garantir un climat scolaire apaisé, propice à la progression des élèves et à même de permettre aux professeurs d’exercer leur métier.
Cette critique à l’endroit du secteur public soulève les problématiques des conditions de la scolarité, du niveau des élèves et celle non moins importante de la qualification des enseignants. Peut-être est-ce ce qu’aurait fait valoir Amélie Oudéa-Castéra pour expliquer son choix du secteur privé, si elle ne craignait de donner une preuve supplémentaire de la position élitiste dont on l’accuse.
De l’élitisme
Substantif du terme élite, issu du latin eligere qui signifie « choisir, trier, élire », l’élitisme est défini par