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L’aide active à mourir légalisée ?
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L’aide active à mourir légalisée ?

De l’éthique à la bioéthique

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Aurore de Béchade
mars 02, 2023
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L’aide active à mourir légalisée ?
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Le discours d’ouverture de la convention citoyenne, prononcé par Elisabeth Borne le 9 décembre 2022.

👉 Mardi 21 février la presse a révélé les résultats de la Convention citoyenne réunie le temps d’un week-end pour débattre de la question d’une possible évolution de la loi concernant le suicide assisté et l’euthanasie.  

Sur 176 votants, 75% se sont déclarés favorables à l’aide active à mourir. 

Alors que la possibilité d’une légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie semble être approuvée par une grande partie de la population, il est à déplorer que les thèses développées depuis de nombreuses années par les grandes figures de la bioéthique en faveur d’une dépénalisation de l’euthanasie demeurent en grande partie méconnues et ne figurent pas dans les débats actuels.

En vue d’éclairer les grands enjeux que soulève la possible légalisation de ces deux pratiques, je vous propose aujourd’hui un premier aperçu des conceptions qui ont largement contribué à l’émergence de ce débat de société. 


La convention citoyenne 

Destinée à sonder l’opinion quant à une potentielle évolution de la loi encadrant la fin de vie, la convention citoyenne, mise en place à l’initiative du Président de la République, rassemblait lors de cette sixième session un groupe d’experts et 184 citoyens tirés au sort. 

À l’issue d’un week-end de débats et d’ateliers dans l’hémicycle du Palais d'Iéna, les citoyens ont exprimé leur avis dans le cadre d’un vote : 19% d’entre eux se sont prononcés contre une évolution du cadre légal de l’aide active à mourir, 6 % se sont abstenus et 75% ont exprimé un avis favorable.

À la question : Faut-il permettre aux mineurs le recours à l’euthanasie et au suicide assisté ?, 67% des votants ont émis un avis favorable.

Si le suicide assisté rencontre une plus large approbation (72%) que l’euthanasie (66%), l’opinion s’inscrit donc majoritairement en faveur d’une libéralisation de ces pratiques. 

Le consensus autour de l’aide active à mourir que révèlent ces résultats conduit à se demander si la fin de vie est véritablement un objet de débat. Or, il n’y a rien d’étonnant à ce que la présentation de ces deux pratiques en tant qu’avancées éthiques, propres à permettre une libération de la souffrance, rencontre une si large approbation.  


La bioéthique, une version moderne de l’éthique ?

Hugo Tristram Engelhardt, l’un des principaux fondateurs de la bioéthique.

L’éthique, telle est bien la dimension au centre de la problématique de l’aide médicale active à mourir ; une problématique relevant de ce qu’il est courant de nommer -ou d’entendre nommer- la bioéthique, généralement sans plus de précisions quant à l’origine et au sens de ce terme.

La bioéthique tend ainsi fréquemment à être présentée sous la forme d’une éthique évoluée ou, en d’autres termes, d’une nouvelle version de l’éthique intégrant les expertises, les innovations et les grands défis de la Modernité. Or, est-ce effectivement le cas ? 

👉 Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que la bioéthique est avant tout une discipline issue de la réflexion morale anglo-saxonne, également à l’origine des études de genre et de l’élaboration de l’éthique animale. La bioéthique n’est pas dénuée d’un certain militantisme, en atteste le grand combat porté par son fondateur, Hugo Tristram Engelhardt, en faveur d’une “mort digne”. 

Ce seul aspect suffit à montrer toute la différence qui sépare l’éthique de cette nouvelle discipline : alors que dans la tradition philosophique, l’éthique a toujours désigné la doctrine du salut et de la vie bonne, la bioéthique déplace le cadre de la réflexion pour se centrer sur la question de la bonne mort. 

De cette redéfinition de l’éthique émerge une toute nouvelle conception de la vie, de l’humain et des règles qui président à la vie en société. 


La mort de l’homme 

Moyens d’une libération, garanties d’une mort non seulement digne et apaisée mais aussi consentie ou choisie, le suicide assisté et l’euthanasie ouvrent la perspective de dominer ce qui de toute éternité échappait tragiquement à notre maîtrise.

Non seulement la mort tend désormais à apparaître comme une problématique susceptible de trouver une solution de nature technique, mais elle acquiert dans le même temps une indéniable dimension politique : l’État investit cet espace qui relevait jusqu’alors de la sphère privée et du sacré. 

👉 Les grands sujets dont entreprend de s’emparer la société n’émergeant jamais de nulle part ni au hasard, une attention mérite d’être portée au plébiscite dont fait l’objet la dépénalisation de l’euthanasie au sein de la discipline bioéthique. 

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