Les bouquinistes sommés de faire place aux Jeux Olympiques
La culture, d’hier à aujourd'hui
« Paris, la seule ville au monde où coule un fleuve encadré par deux rangées de livres.»
Blaise Cendrars
Vendredi 17 novembre dernier a eu lieu la première “opération test” de retrait des emblématiques boîtes à livres du centre de Paris.
👉 Sur ordre de la Préfecture de Police, 600 boîtes à livres sur 900 devront être démontées sur les quais de Seine avant la cérémonie d’ouverture des JO.
Cette opération, qui a suscité la tristesse et la consternation des bouquinistes, pose la question de la place et de la valeur accordées aujourd’hui à la culture.
Fixées sur les quais de Seine depuis de très nombreuses années, les boîtes à livres sont un symbole fort du monde intellectuel français. Aussi, peut-être n’est-il pas incongru de voir dans la décision de leur retrait une charge symbolique tout aussi importante.
Le Paris des bouquinistes
Installés au cœur de la capitale, les stands de bouquinistes offrent l’un des derniers espaces culturels auxquels la flânerie, comme la recherche patiente et passionnée, tiennent lieu de voie d’accès privilégiée.
Sur des étalages surchargés, s’empilent des livres aux pages parfois jaunies, parfois non coupées, des éditions épuisées, des raretés avec envois, de l’introuvable, du plus commun, des affiches et des photographies.
Comme par miracle, un petit monde passé de mode trouve encore ici à exister : sur les bords de Seine, passants curieux, étudiants ou érudits, que réunit le goût de la découverte, déambulent, portés non par la fièvre d’acquérir mais par l’espoir de trouvailles inattendues.
« Comme on a l’habitude de dire, ce que les crues de 1910, ce que l’occupation, ce que même Napoléon III n’a pas réussi à faire, les Jeux Olympiques vont peut-être réussir à le faire, c’est-à-dire à nous faire disparaître », déclarait avec émotion Michel Bouetard, Secrétaire Général de l’association des bouquinistes.
👉 Il n’y a rien d’étonnant à ce que ce dernier bastion de la vie de l’esprit, échappant au système de la culture de masse comme à la volonté de contrôle généralisé, voie son existence ainsi menacée.
Certes, nous pourrions objecter que ce n’est que pour les besoins de l’organisation