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🗣️ Idées et Débats

L’euthanasie et le suicide assisté en débat

Marche pour la vie et désir de mort

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Aurore de Béchade
févr. 02, 2023
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L’euthanasie et le suicide assisté en débat
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La Marche pour la vie, le 22 janvier 2023.

Dimanche 22 janvier, des milliers de personnes ont participé à  la “Marche pour la vie” organisée à Paris.

Si cette mobilisation se tient chaque année en opposition à la loi Veil relative à l’IVG, promulguée le 17 janvier 1975, les manifestants ont cette fois investi le débat sur la fin de vie relancé par le gouvernement.  

 « Nous nous opposons à l’euthanasie et au suicide assisté », a déclaré avant la manifestation le président de la Marche pour la vie, Nicolas Tardy-Jouber, faisant valoir, contre la possible légalisation en France d’une aide médicale à mourir, que « l’interdit de tuer doit rester fondamental ».

👉 Face à la complexité des enjeux d’ordre pratique, moral et anthropologique que soulève la question de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assité, je m’étais jusqu’alors gardée d’aborder cette problématique.

 Or, s’il n’est pas aisé d'adopter une position tranchée dans ce débat, peut-être ne serait-il pas inintéressant de chercher à comprendre pourquoi cette question est aussi difficile à appréhender.  


Le sens des mots 

Mobilisant un vocabulaire technique dont la signification précise souvent nous échappe, le débat “sur la fin de vie” est entouré d’un certain flou. 

Sédation terminale, suicide assité, euthanasie… loin d’être de simples synonymes, ces termes désignent des actes différents qui n’ont pas les mêmes implications.  

  • La sédation terminale, également appelée sédation profonde et continue, est un acte médical destiné à apaiser, jusqu’à leur décès, les souffrances des malades en fin de vie ou de ceux condamnés à mourir.  

Cet acte est aujourd’hui pratiqué en France et encadré par la loi : en application depuis 2006, la loi Léonetti vise à garantir les droits des malades en fin de vie en luttant contre une éventuelle “obstination déraisonnable” du corps médical.

Mis en œuvre à a demande du patient ou, si celui-ci ne peut exprimer sa volonté, par décision collégiale des médecins, le protocole prévoit l’arrêt des traitements assurant le maintien de la vie ainsi que l’administration de substances palliatives ayant pour effet d’altérer la conscience du malade. 

  • Le suicide assisté n’est pas à proprement parler un acte mais plutôt une aide médicale à une personne consciente demandant à mourir. Dans ce cas précis, l’intervention du médecin consiste à prescrire des substances létales que la personne elle-même est chargée de s’administrer par voie orale ou par perfusion. 

Si le suicide médicalement assisté est aujourd’hui interdit en France, certains pays tels la Suisse, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique, et certains états des Etats-Unis l’ont légalisé ou dépénalisé . 

  • Enfin, l’euthanasie est un acte effectué par le médecin à la demande du patient, consistant à provoquer de manière immédiate sa mort, à la date de son choix, en lui administrant une substance létale. 

Ces brèves définitions font déjà apparaître un certain nombre des difficultés que soulève la question d’une aide médicale à mourir : il est question de s’interroger sur ce qu’est la vocation du corps médical, sur le rôle de l’Etat, mais aussi de mener une réflexion plus large convoquant les notions de liberté, de choix, de droits et de devoirs, de valeurs et de principes. 

Cette édition ne me permettant pas de développer l’ensemble de ces différents aspects, je centrerai mon propos sur quelques-uns des enjeux mis en avant par les opposants et les défenseurs d’une possible légalisation en France du suicide assisté et de l’euthanasie. 


Une question de déontologie médicale 

Hippocrate, philosophe et médecin grec, considéré comme étant le père de la médecine (460 avant J.-C. -377 avant. J.-C.)

👉 La première objection formulée contre ces deux pratiques a trait à la vocation des professionnels de santé et consiste à souligner leur différence avec le protocole de sédation terminale d’ores et déjà pratiqué. 

« Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.

Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux. »

« Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. »

À ces deux extraits du serment d'Hippocrate, texte fondateur de la déontologie médicale, s’ajoute une formulation explicite définissant les limites de l’intervention médicale :

« Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. »

Si l’on considère que le rôle des professionnels de santé est de soigner ou, si ce n’est de guérir, de proposer des solutions visant à améliorer les conditions de vie en dépit de la maladie, il paraît alors évident que la décision délibérée de donner la mort se heurte au cadre déontologique de la profession.

Il n’est donc pas abusif de la part des opposants à l’euthanasie et au suicide assisté d’invoquer une remise en cause du serment d’Hippocrate. 

👉 De fait, il semble important de souligner toute la différence entre le protocole de sédation terminale et l’aide médicale ou pharmacologique au suicide : là où la première consiste à proposer un accompagnement médical à un patient dont la mort est inévitable et annoncée, l’euthanasie et le suicide assisté consistent à provoquer la mort délibérément, ce qui n’entre pas dans le cadre des moyens thérapeutiques qu’ont vocation à mettre en oeuvre les médecins. 

À cette première différence s’en ajoute une seconde qui concerne les différents types de cas sur lesquels pourraient être mises en oeuvre ces pratiques : là où les protocoles de sédation sont destinés à apaiser les souffrances de patients voués à mourir, l’euthanasie et le suicide assisté peuvent, ou pourraient, trouver à s’appliquer à des patients dont le pronostic vital n’est pas engagé mais dont les conditions de vie sont jugées insupportables ; il n’est donc ici pas seulement question de ce que l’on nomme la fin de vie mais plus largement d’une réponse médicale au désir de mourir. 


 Le problème de la dépendance 

Olympe, 23 ans, célèbre sur Youtube, a décidé d’avoir recours au suicide assisté.

Cependant, ce désir de mourir procède dans nombre de cas d’une réalité à laquelle le personnel médical est quotidiennement confronté, et peut-être de manière croissante, à savoir l’état de dépendance. 

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