Liberté pour Boualem Sansal
La santé de l'écrivain franco-algérien se dégrade.
Le lundi 16 novembre, une grande soirée de soutien à Boualem Sansal s’est tenue au Théâtre Libre, dans le 10ᵉ arrondissement de Paris.
Incarcéré arbitrairement en Algérie depuis un mois pour "atteinte à la sûreté de l’État", l’écrivain franco-algérien voit sa santé se détériorer de façon alarmante. Ce même jour, nous apprenions qu’il avait été transféré, à sa demande, dans une unité de soins. Selon Le Figaro, citant son avocat, les résultats des biopsies réalisées à l’hôpital Mustapha sont préoccupants. Boualem Sansal doit être libéré.
Boualem Sansal est emprisonné par le régime algérien depuis maintenant un mois.
Son crime ?
Son crime est d’avoir fait profession d’indépendance, d’avoir conféré à la vie de l’esprit une valeur souveraine et d’y avoir engagé toutes ses forces vives.
Observer, lire, écouter, traquer dans le détail l’invisible, saisir dans le divers l'indicible, transcrire le vague des impressions dans la forme de l’idée, et, en quête de traces insignes, s’élever vers l’intelligible : telle est la vocation de l’écrivain, sa raison d’être. Et tel est le « crime » qui fait de lui la cible des ennemis de la liberté d'expression et de création.
Boualem Sansal est coupable d’avoir cru en cette liberté. Coupable, plus encore, de l’avoir envisagée comme un devoir, un engagement existentiel consistant à chercher, dans l’affrontement des idées et la confrontation des opinions, la clef d’un enrichissement collectif. Mais face à lui se dresse un régime qui rejette ce que l’humanité a de plus noble. Dogmatique, obsédé par sa propre vision du monde, il réprime violemment toute tentative d’émancipation intellectuelle, vise à empêcher toute création de valeurs spirituelles ou artistiques. Interdisant la libre circulation des idées, ce régime n’a d’autre visée que d’amoindrir la vitalité des échanges humains, juguler la pensée vivante et féconde, séparer et isoler les hommes afin de les rendre vulnérables, asservis, malléables.
Le crime de Boualem Sansal est d’avoir cru à l’universalité de l’esprit, à la puissance du langage, au caractère inaugural et transcendant de la parole, ce souffle qui marque les premiers élans de l’aventure humaine. Si cet homme doit être défendu, ce n’est pas seulement pour ses idées, mais pour la démarche même dans laquelle il s'inscrit : une quête obstinée de sens, de justice et de vérité, un approfondissement de la sensibilité soutenu par l’exigence et la force du verbe.