Omar Youssef Souleimane : « Personne de chez LFI ne m’a contacté pour en discuter ; ils se sont contentés de m’accuser d’ “islamophobie”. »
Entretien exclusif avec Omar Youssef Souleimane, poète et journaliste engagé.
Omar Youssef Souleimane, journaliste et poète syrien, est né en 1987 près de Damas. Il passe son adolescence en Arabie Saoudite, où il reçoit une éducation coranique tout en s’imprégnant de la poésie d’Éluard et d’Aragon. De 2006 à 2010, il travaille comme correspondant pour la presse syrienne et publie ses premiers poèmes. Contraint à la clandestinité, il est exfiltré en France, où il réside aujourd’hui à Paris. Auteur prolifique et ardent défenseur de la laïcité, il a publié plusieurs ouvrages, dont le recueil de poèmes Loin de Damas et des essais remarqués comme Le Petit Terroriste (2018), Le Dernier Syrien (2020), Une chambre en exil (2022) et Être Français (2023).
Dans cet entretien accordé à La Lanterne, Omar Youssef Souleimane revient sur la controverse suscitée par son enquête, publiée le 22 novembre dernier dans Le Figaro Magazine. Cette investigation, au cours de laquelle il a infiltré divers rassemblements organisés en France par des activistes propalestiniens, a mis en lumière les liens étroits entre certains acteurs de l’islam politique et l’extrême gauche. Comme on pouvait s’y attendre, la publication de cette enquête a déclenché de vives réactions, notamment au sein du parti La France Insoumise.
LA LANTERNE : Votre enquête pour Le Figaro Magazine sur les réseaux islamistes a été vivement critiquée par des membres de La France Insoumise. Comment interprétez-vous ces réactions ?
Omar Youssef Souleimane : Ce sont des réactions mornes. Personne de chez LFI ne m’a contacté pour en discuter ; ils se sont contentés de m’accuser d’“islamophobie”. J’aurais souhaité qu’ils engagent un débat, qu’ils critiquent le contenu de cette enquête, mais cela n’a pas eu lieu. Cela illustre l’une des faiblesses de ce parti : ils refusent les débats démocratiques, diffusent un discours identitaire tout en faisant semblant de défendre la diversité.
LA LANTERNE : Certains membres LFI ont mis en doute votre approche journalistique, évoquant un biais idéologique. Que répondez-vous à cette critique ?
Omar Youssef Souleimane : Je suis citoyen français et je pratique ma liberté d’expression dans un État de droit. Dans cette enquête, je pose des questions sur la complicité entre LFI et les islamistes, en fournissant des images, des informations et des preuves. Alors, je me demande : qu’y a-t-il d’idéologique dans cette démarche ?
