Pour ne pas contrarier Alger, la gauche abandonne Boualem Sansal à l’Assemblée
La gauche s’est abstenue lors d’un vote pour la libération de Boualem Sansal
Mardi 4 mars, la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale a examiné une proposition de résolution européenne appelant à « la libération immédiate et inconditionnelle » de l’écrivain Boualem Sansal, détenu en Algérie depuis la mi-novembre.
Si le texte a été adopté grâce au soutien unanime des parlementaires de droite et du centre présents lors de la séance, la gauche s’est distinguée par une attitude pour le moins choquante : les députés des groupes Socialistes, Écologistes et La France insoumise se sont abstenus, tandis que les communistes ont préféré quitter la salle avant même le vote. Quant à l’ancien président François Hollande et au premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, ils étaient tout simplement absents, évitant ainsi d’avoir à se prononcer sur une résolution dont l’importance est pourtant incontestable.
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Selon les explications avancées par la rapporteure du texte, Constance Le Grip (Renaissance), il apparaît que cette abstention traduirait avant tout la crainte de froisser Alger, voire une complaisance à peine dissimulée à l’égard du régime algérien. La résolution a en effet été jugée trop critique envers le pouvoir en place.
Le texte adopté par la commission condamne fermement « la détention arbitraire de Boualem Sansal » et exige la libération de l’écrivain, gravement malade, « par respect du droit mais également au regard de son âge avancé et de sa mauvaise santé ». Il alerte aussi sur la menace qui pèse sur « la liberté d’expression politique » en Algérie.
Après trois heures de débat, le vote a eu lieu à main levée, sans comptabilisation officielle des suffrages. Bruno Fuchs, président de la commission, a toutefois pris soin de relever le nombre de voix favorables.
L’attitude de la gauche, autrefois fer de lance de la défense de la liberté d’expression et des droits humains, a provoqué de vives réactions.