Procès Mazan : not all men
Un certain féminisme s'approprie le procès Mazan, cherchant à en faire le procès "des hommes", de tous les hommes.
"Culture du viol", "le premier procès de la masculinité", "la honte doit changer de camp", "All men" : un certain féminisme s'approprie le procès Mazan, cherchant à en faire le procès "des hommes", de tous les hommes.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le journaliste Karim Rissouli présente le procès Mazan comme "le premier procès de la masculinité" et laisse entendre que, face à cette affaire sordide, tout homme devrait éprouver de la honte. La vidéo suscite de nombreuses réactions approbatrices. La philosophe Camille Froidevaux-Metterie commente : « Merci à K.Rissouli de partager ce sentiment de honte ressenti face au procès des viols de Mazan que tous les hommes devraient éprouver, parce que c’est ce que Gisèle Pelicot espère, que la honte change de camp ! »
Invitée sur Sud Radio, mardi 17 septembre, Sandrine Rousseau emploie l’expression de « culture du viol » à propos de l’affaire Mazan et déplore la baisse des condamnations dans les affaires de viol.
Le lendemain, mercredi 18 septembre, sur le plateau de BFM TV, elle souligne qu’il a suffi « d’une annonce pour trouver 100 hommes », et en conclut que « ce procès montre le caractère systémique d’un ordre social ».
Initialement apparue aux Etats-unis sous le terme “de rape culture”, l’expression de “culture du viol” s’est progressivement installée dans le débat public français. Détournée de son sens initial, cette expression est devenue un moyen simple et efficace pour dénoncer, sans davantage d’arguments, ce qui dans notre culture et dans la marche de nos institutions banaliserait voire encouragerait le viol.
Selon cette logique, Marlène Schiappa, alors secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, publiait en 2017 Où sont les violeurs ? Essai sur la culture du viol, un ouvrage où elle décrivait ce qu’elle considère comme une culture du viol, à savoir "la façon dont le storytelling, le récit, et l'analyse des agressions sexuelles et des viols contribuent à les banaliser, à les justifier, à les excuser, à les moquer, voire à les érotiser et même à les encourager".
De même, en 2018, Noémie Renard publiait En finir avec la culture du viol, un ouvrage présenté comme une synthèse de ce sujet, traitant notamment des contraintes et violences que subissent les femmes dans leurs interactions sexuelles avec les hommes.
Le procès Mazan serait donc, pour reprendre les termes employés par Sandrine Rousseau sur BFM TV, un « fait de société » révélant au grand jour la culpabilité de l’État français de perpétuer un ordre social qui « autorise le viol ».
Si nous reconnaissons unanimement, hommes comme femmes, que les atrocités commises dans l’affaire Mazan ne peuvent être réduites à de simples fait divers - qu’il est par conséquent indispensable de s’interroger sur les conditions ayant rendu possibles ces viols - il nous faut cependant relever que les discours accusatoires portés par un certain nombre de militantes de gauche et d’extrême gauche ne sont pas dénués de présupposés idéologiques.
De fait, l’idée selon laquelle le viol serait un « problème systémique » n’est que la réitération de la thèse du "racisme systémique", ou "racisme d’État" propre aux mouvements décoloniaux et indigénistes. De la même manière que la France, et plus largement l’Occident, s’emploierait à maintenir les populations issues de l’immigration dans un statut d’infériorité, il est ainsi affirmé que les représentations sociales véhiculées par nos sociétés viseraient à rabaisser les femmes pour perpétuer un modèle de domination masculine.